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Le musicien de freejazz qui distribue les notes..

En effet, les musiciens sont tous à se comparer: qui est meilleur que l'autre?!.. sans véritablement être passionné par la poésie. C'est l'état d esprit qui a court aujourd'hui ... Personne n'est épargné, on fait des costard sur lui, il en faire pour les autres .etc.. Cependant il avait un très grand respect pour Archie Sheep, il pouvait blaguer sur lui mais n'en disait jamais du mal. Il le prenait pour quelqu'un de très intelligent, très équilibré même sur le plan social comme un frère.. une sorte de confiance et de respect fraternel.

Un exemple des musiciens français un peu comme l'archétype d'ailleurs... Sigui réalise quelques enregistrements avec -pour reprendre ses mots- « un trompettiste dont le grand père sculpteur répétiteur était un des invités des nazis sous Vichy... ainsi qu'un violoniste d'origine moyenne, fils de professeur qui a monté sa carrière en se mettant dans le sillage des « vedettes attitrées Â».. Des musiciens qui se débrouillent pas mal en apprenant leur plans par cÅ“ur mais qui ne sont que de véritables connards sauf des improvisateurs.. Â».. « ils me prennent par pitié pour enregistrer en utilisant ma culpabilisation par rapport à l'alcool.. ce qui leur justifie le droit de me jeter sans aucune morale.. Â». Comme on a pu entendre à sa mort des « proches Â» de Sigui confisquant déjà sa mémoire : « Sigui disait beaucoup de choses Â».. l'air de dire qu'il radotait?.. Qui appréciera ces « beaucoup de choses Â»? Voilà déjà un veto, un filtre se dessiner que Sigui vient juste de nous quitter!! Il a du supporter ça toute sa vie et on en remet une couche sur la tartine comme adieu funèbre.. funeste!!!! Parce que c'est ça, aujourd'hui, monter sur la tête des autres pour gravir des échelons ?! Atteindre la notoriété, la reconnaissance sociale tant attendue?! Méritée?! Ce n'est pas du tout une caricature car le star système importé après la guerre par les américains dans la société française conservatrice a donné le « politiquement correcte Â». Lâcheté et politiquement correcte sont les deux faces d'une même pièce. Enfin on est loin des César qui dormaient dans des cabines téléphoniques, des artistes courageux, innovateurs précurseurs de nouvelles formes d'expression, aventureux. Déjà au temps de Picasso, à la naissance du cubisme avec les « Demoiselles d'Avignon Â», il n'était pas rare d'entendre ces artistes issus d'une vieille France future collaboratrice à Vichy prédire « on retrouvera Picasso pendu derrière sa toile.. Â». Le pari culturel de l'OTAN après la seconde guerre mondiale a été comme un soufflet qui sort du four et qui se dégonfle... Chasser le naturel et il revient au galop! Nous voilà très rapidement retourné dans une forme de lâcheté de la pensée qui auto justifie ses comportements carriéristes tels que ceux du Calai-sien.. Le poète agit comme un miroir de l'âme des rites vaudou.. Il reflète parfois une image qu'on n'est pas près d'apprécier.. et pourtant.!

Sigui était très sensible au fait que des musiciens voulaient s'approcher de lui afin de s'approprier sa cote historique alors qu'il n'avait rien, aucune fortune et que ces gens sans scrupules pouvaient utiliser son images a des fins commerciales.. il disait « tomber le masque Â». Il était écÅ“uré de ces gens , de leur comportement immoral.. c'était pour lui comparable à voler des chaussures au clochard dans son sommeil..

Sigui avait un coté apparemment paradoxal comme s'il était pris entre deux feux, il s'engage avec des musiciens et au dernier moment il se bourre la gueule et ne va pas s'acquitter de cette parole, de ses engagements... Donc les gens vont dire que c'est un alcoolique pas fiable. Un jugement extérieur que Sigui finissait par avoir de lui même comme une prophétie auto réalisatrice, ce qui renforçait sa solitude dans ses souffrances morales. La vrai raison était tout autre. En fait il y avait un point commun dans ses crises morales. Un exemple avec les concerts avec ce violoniste ou trompettiste qui le prennent en otage pour les dates mais aussi parce qu'ils se permettent de lui dire comment il doit exercer son art. Lui, qui est un grand créatif libre, ne se retrouve plus à sa place. Il se retrouve dans un système d'autorité géré par des musiciens ne comprennent rien au langage, qui n'ont pas du tout la connaissance de ces problématiques pour du formalisme superficiel.. Sigui en est malade, ou il va leur dire de façon abrupte.. au final, il arrête et picole.. alors qu'à la base, ce sont des musiciens superficiels commerciales qui se sont trompe d'adresse en s'adressant à lui juste pour sa cote historique mondiale!!! Par intégrité pour ce que doit être la musique, au moment ou il doit aller jouer avec des enfoirés, c'est plus fort que lui, il se déconnecte... C'est ça le mécanisme. Pareil avec ses copines, ses femmes qui lui disent où il doit dormir comme un chien doit aller dans sa niche. Il souffrait de ça tellement au point de descendre d'un train en marche et de se casser un membre.. Ce qu'il faut bien ressentir: c'est un artiste qui est tellement perméable qu'il est extra sensible aux intentions déshumanisante, barbares. Du coup, s'il a affaire à des gens comme des intimes ou des musiciens en qui il a donné sa confiance, là il en souffre parce qu'il ne saurait pas faire de mal, même sil râle un bon coup.. sinon, il picole.. Les gens perçoivent ça comme du chantage!! On lui répètent ce genre de conneries tellement de fois, qu'il finirait par y croire... Il avait un coté très fort dans sa détermination mais aussi un coté très fragile du fait de sa grande perméabilité. Pour contrecarrer cet aspect de sa personnalité, il allait t'inviter à faire un tour en mer avec lui, ça allait le rendre tellement heureux, car c'était un instant où il donnait. C'est quelqu'un qui donnait, mais ne prenait jamais. Quand il est question d'étranger qu'il ne connait pas il peut être agressif, mais de cette façon.. Sigui raconte deux anecdotes à ce sujet...- La MAFIA des ports. Ce sont des mecs qui font le tour des bateaux et qui ra quettent les gens.. Ils croient que Sigui était plein au as parce qu'il était connu ... Pour les payer, Sigui baisse son pantalon, défèque dans sa main et il leur donne sa « merde Â».. Ces voyous repartent écÅ“urés à la limite du vomissement... Une deuxième anecdote. Une nana qui « s'auto décide Â» comme la femme qui va s'occuper de lui.. tout ça par ce qu'il avait discuté avec elle.. Sigui en guise de lettre d'adieu, lui envoie une lettre avec des cafards mort à l'intérieur de l'enveloppe.. Voilà le Sigui burlesque! Il était sensible certes mais pas idiot au point de ne pas lire ou de décrypter des comportements humains..

Les véritables amis de Sigui sont tous très typés et la totalisation de ses amis donne le portrait de Sigui avec du tempérament et varié.. Il a vite fait de repérer des gens mesquins qui se servent de lui comme faire valoir en référence à sa carrière avec Archie Sheep notamment.. Ses « véritables Â» amis ont un point commun dans le fait qu'ils sont tous des gens déterminés, entiers, sincères... Il disait, il faut que vous vous rencontriez, vous êtes de la même génération, formez une assemblée d'amis...

« Il n'existe aucune stabilité dans l'univers la preuve la spirale des quintes Â» disait Sigui! Cette spirale est une instabilité permanente. On recherche la justesse qui n'est qu'un concept, il n'existe pas dans la matière sonore, dans la matière tout court!. Le clavier tempéré égale n'est qu'un choix. En effet le principe de constante – la proportionnalité arithmétique calculée en hertz des notes dans les octaves, les écarts de quintes etc...-crée l'instabilité dans la gamme au fur et a mesure qu'on évolue d'octave en octave. L'impression de « fausseté Â», de dissonance s'accentue, l'instabilité augmente... Yehudi Menhuin disait lui même  « qu'aucun autre instrument autant que le piano n'était faux, qu'on habituait son oreille à la fausseté, que ce n'était pas bon pour l'éducation de l'oreille des jeunes musiciens Â».. Le moindre évènement stable dominera cette matière. L'amour. Les poètes s'en servent tout le temps c'est pour cette raison qu'ils plient la matière. C'est cette modernité permanente universelle des Å“uvres d'art. Mais c'est parler dans un violon pour entendre de la musique!

« seul un artiste pourrait comprendre ça.. Â»

Car aujourd'hui plus qu'à une autre époque un grand nombre est adepte de la religion de la réalité! Cette réalité indiscutable, non critiquable, jamais fantaisiste, rassurante, implacablement logique mais ne s'appuyant sur aucune logique de la pensée unique.. parce que c'est de cela qu'il est question. La reconnaissance sociale, le politiquement correcte.. On est bien retourné dans une société ultra réactionnaire. Il y aura des modèles établis qu'il faudra suivre. Bravo! Et oui, il ne s'agirait pas d'être un marginal ou un autiste, un fou.. quelqu'un capable de tout... sauf fréquentable... La conclusion logique c'est que les Artistes rasent les murs.. Sigui fait sans doute une référence au théâtre de Buto? La négation de la conscience morale de l'artiste s'opère justement par des adeptes pris à l'intérieur d'un système ou il n'y aura justement pas de conscience morale.

La musique dite pulsative est devenue une forme de « réalité Â» de la musique, de dogme dans la musique. La seule femme de Sigui était actrice, décédée d'un cancer assez jeune. Elle disait je vois une porte rouge si elle était verte.. Sigui lui dit qu'elle est rouge, mais elle soutient que la réalité pour elle, c'est qu'elle est verte.. Du coup, Sigui va chercher de la peinture, peint la porte en vert, du coup sa femme lui dit que cette porte est jaune maintenant...

Oui parce que de son vivant, qu'est ce qu'on a fait pour Sigui finalement si ce n'est qu'utiliser son image à vendre sous la forme de l'archétype du jazzman.. ?

Vivant, il ne lui est pas attribué une place socio-professionnelle convenable et juste. Dés sa mort, on confisque sa parole par « Sigui a dit tellement de choses Â».. avec ça l'artiste est largement rhabillé pour l'hiver! Pour donner une image très parlante.. On a la petite princesse qui fait des barbouillages quand elle a 10 ans. Arrivée à sa majorité, elle se prend pour une grande artiste... Mariée au notable du village, à la fête du 1er mai, elle va pouvoir exprimer son talent en vendant des paniers de savons enrubannés par deux à la foire.. Ainsi, elle se fait quelques pièces et peut remettre sa couronne.. Voilà où atterrit la parole de Sigui. Dans un panier de savonnettes près à être vendu au marché du dimanche à la fête communale... C'est la version contemporaine de la pensée unique dans la « soft-society Â»! Le décor n'est plus de noir avec des croix gammées rouges mais plein de couleurs pastels avec des dessins d'enfants... Voilà la « réalité Â»! On écrit Picasso sur une voiture et on ferme le musée Picasso. Pierre Yves Artaud se plaint de la fermeture du concourt Jean Pierre Rampal à Paris qui a été actif plusieurs décennies, lui le professeur de flûte au conservatoire supérieur.. Sigui est mort en 2007, quel musicien « professeur Â» d'une grande institution a réclamé de la mémoire du travail de Sigui? Aucun. Verra-t-on un jour une stèle posthume à la mémoire du grand jazzman ne serait ce qu'à la Grande Motte où Kessler a donné maintes fois des concerts sans jamais être payé? Mère Theresa parlait de la misère morale dans les sociétés « riches Â».. Hier j'apprends le suicide d'une adolescente de 17 ans qui s'est pendue. Elle était du village.. C'est de cette misère qu'il est question et les raisons prennent racines dans les comportements cités ci dessus, ça dépeint exactement le contexte social dans lequel a vécu Sigui.

La création des écritures par les artistes crée une sorte de dépression culturelle. La collectivité va se retrouver dans cette dépression et ça dérange les gens qui préfèrent s'alimenter des acquis, des conventions plutôt que de se retrouver dans la dynamique d'une dépression culturelle. Ce n'est pas vrai pour toutes les sociétés mais c'est vrai pour la France contemporaine, la preuve en est l'échec total du pari culturel d'après guerre que les allemands par exemple semblent avoir mieux réussi... Sigui à plus de 70 ans dans ce contexte démoralisant avouait en avoir assez, en avoir marre, voulait que tout s'arrête...

 

J'appellerai ce paragraphe Sigui héroïque. La notion de « héros Â» est intimement liée au contexte sociale, le héros est un révélateur de la société, des coutumes de la culture et surtout de la qualité morale de celle ci en ce qui concerne précisément la notion de lâcheté.

Prenons l'exemple de Picasso à qui on préconisait un avenir sombre quand il eut peint les demoiselles d'Avignon : « on le retrouvera pendu derrière sa toile Â».. Ce ne sont pas que des mots car ce sont de réels faits divers de l'époque. Comment ça se passe aujourd'hui? Les musiciens se noient... Avec le recul de l'histoire, l'exemple de Picasso est très parlant. A une époque que tout le monde sait aujourd'hui ultra conservatrice, on a un artiste qui se lance dans des expérimentations artistiques et avant gardistes qui plus est, contenant des connotations d'arts primitifs, de l'art « nègre Â»... des peuples reconnus « sans écritures Â» « primitifs Â» . … Picasso se livre à « l'art dégénéré Â» comme il est dit à cette époque où le nazisme était devenu à la mode.. Qui va vouloir se mettre dans le sillage d'un Picasso quand on ne veut pas être montré du doigt, être discrédité, ridiculisé...? Cette époque a eu ses héros fort heureusement pour le bien de la communauté actuelle... Non? Quel est ce visage de la lâcheté qui transmet à la « Kommandantur Â» des petits billets anonymes de délations...? Il n'aime pas se retrouver sur la place publique et aime l'anonymat. Il reste bien dans le rang, sa tête ne dépassera pas non plus.. Il ne risquera rien le mettant en avant, il va se rallier à la cause commune quelle qu'elle soit... S'il faut discréditer la voix minoritaire, il le fera.. Voilà le lâche, universel, intemporel. Personne ne se désignera même quand il est plaignant. Il ne voudra surtout pas apparaître sur la place publique. Les « Ã©trangers, les gens singuliers Â» seront désignés et serviront de serpillères pour résoudre des problèmes qui concernent la collectivité depuis toujours, les étrangers sont les boucs émissaires.. Picasso pratique un art hors norme. Faire pareil que lui, c'est devenir singulier; aujourd'hui ce n'est plus à la mode non plus.. L'excentricité qui est un terme diminutif des années 70 est remplacé par les termes contemporains pseudo scientifiques: autisme, psychotique.. à défaut d'être marginal... Alors qu'artiste n'est que tout bonnement qu'un métier comme un autre .. Il fut un temps où peintres, musiciens étaient considérés comme des professions artisanales. Là on est en face d'une véritable négation d'un corps de métier et d'un positionnement radical de la pensée unique. On va parler d'un aspect commercial, invoquer comment il faut se vendre.. Mais c'est faux car des budgets sont débloqués pour la culture donc c'est bien une orientation de la société, des gens, de l'électorat. Sigui était à la Grande Motte où il y a du budget puisqu'il font venir des producteurs de vedettes. Sigui vient jouer et on ne le paye pas! Donc ce n'est pas le « système Â» qui est fautif, c'est bien la collectivité. Des l'instant où la collectivité marginalise, qu'elle veut en plus se laver les mains de son attitude a morale, les « marginaux Â» qui veulent s'intégrer dans la société n'ont d'autre choix que de raser les murs, générer des intermédiaires psychologiques qu'ont va interpréter par la suite comme un mode de fonctionnement psychologique.. de l'autiste par exemple. Mais ce n'est qu'un mode de survie en réaction à une attitude sociale collective. Qui devient la projection d'une névrose collective? De qui faut il se méfier en premier? Qui représente un danger quand on voit ce que cette société baignant Picasso a produit: les camps de concentrations, la Shoah etc... Concrètement les personnes les plus en dangers ne sont pas celles que la collectivité désigne comme étant dangereuses. En effet il faut bien du courage pour vivre cette situation toute sa vie. C'est bien la vie d'un héros dans un monde de lâches. « Homme libre toujours tu chériras la mer Â» V. Hugo. Sigui partait seul en mer plusieurs jours, personne n'aurait pu le retrouver...

Sigui disait que le jazzman doit être compositeur et improvisateur en même temps parce que la composition improvisée est indissociable de interprétation instrumentale, de l'expression même de l'instrument utilisé lors de l'improvisation. Le piano n'a pas la même expression instrumentale qu'un violon par exemple ou un saxophone. Jouer un chorus de saxophone à l'accordéon est totalement décalé.. Ce n'est pas une mélodie conceptualisé au même titre qu'une équation, d'où découleraient des improvisations thématiques poli-instrumentales. En effet, des thèmes de jazz très connus ou même des thèmes de musique classique font la culture musicale mélodique de l'inconscient collectif; citons comme exemples, la mélodie des lettres à Élise de Beethoven ou d'une comptine d'enfants que Miles Davis reprend... etc...- Aujourd'hui, une grosse erreur même dans des écoles de jazz est d'apprendre par cÅ“ur des chorus improvisés sans avoir compris le thème qui en était la racine. C'est une erreur sémantique de l'improvisation. L'union entre l'expressionnisme instrumental de l'improvisation et l'universalité d'un thème est nécessaire. En effet un thème, comme on en a parlé plus haut, est un concept sémantique très basique formant une espèce d'équation sémantique qui ne dépend pas de l'instrument avec lequel il est joué. Il a été produit par le musicien sans instrument, c'est une idée mélodique avant d'être joué sur un instrument. La mélodie devient un schéma narratif en soi sans la présence d'une expression instrumentale. Sigui disait que l'improvisateur devait connaître cette démarche et savoir la réaliser avant même d'aborder son instrument ni même un chorus quel qu'il soit sur son instrument de musique. La conceptualisation poli-instrumentale d'un chorus est une très grande erreur sémantique car il détruit le vecteur sémantique du thème de départ. A propos de Alexander Michalowski pianiste polonais contemporain qui a écrit une interprétation de certaines Å“uvres de Chopin. Siegfried Kessler dit que de toutes façons, les valses ou les préludes de Chopin sont déjà des interprétations d'un thème ou variation par Chopin. Comment faire l'interprétation d'une interprétation? Sigui trouve cette idée complètement décalé et une erreur très lourde. Il balance le coffret de CD de Michalowski dans la mer « par dessus bord Â»!...Le fait de prendre des bout de chorus et de les réinjecter dans son propre chorus est issu de cette même démarche décalée et fausse. Sigui la « passe par dessus bord Â» également! « Les jazzmen ont l'impression que si ils jouent un chorus, ils écrivent une composition comme Beethoven! Â» C'est un assemblage de bout de chorus piqués à droite à gauche qui est désormais considéré pour une composition à part entière alors que ce n'est qu'un amoncellement de bric à brac insipide et volubile. Bien souvent ces jazzmen rejouent leur propres chorus, ils se font eux mêmes leurs propres répétiteurs de leurs propres chorus.. Ce n'est plus de l'improvisation sensée libérer un espace sémantique. Cette espace est étouffée par une pseudo science et technicité musicale stérile. C'est cette démarche du free jazz actuel qui devient culturelle où les musiciens dénaturent une «condition suffisante» : celle d'un thème bien écrit, universel vecteur de l'improvisation! Il prennent une interprétation et refont une interprétation dessus .. Ça n'est plus que de la paraphrase de paraphrase... Le thème disparaît peu à peu... Là où il y a échec de la démarche, c'est qu'au départ on a une règle simple, on a un thème riche en sémantique, porteur de sémantique, on le dénature donc il n'assure plus son rôle de vecteur sémantique.. Tout ça parce que les musiciens veulent faire du copiage de chorus de freejazz.. Quand on prend des Å“uvres de Paganini dédiées au violon mais écrites et arrangées au piano, on entend clairement non seulement une restriction expressive du violon mais qu'en plus une restriction conceptuelle mélodique. Là on en est à faire la photocopie de la photocopie de la photocopie....

L'idée de départ du free jazz, c'est que le thème n'existerai pas! Où se trouve la partition? C'est là que improvisateur s'incarne dans la peau d'un compositeur. C'est là également que Sigui dit que l'improvisateur rejoint le compositeur. Comment fait il cela? Comme Eliott Carter qui compose son concerto pour violoncelle par exemple pendant une promenade au Japon dans les montagnes, comme Messian qui se promène dans la forêt avec ses oiseaux et son carnet de croquis sonores, comme Lades Neffous qui va « cueillir Â» des thèmes avec son dictaphone dans la montagne pendant ses bivouaques.... Tout se passe dans son esprit. C'est une relation directe avec l'énergie, le langage pur, c'est la passe au réel de Lacan. Lorsque le musicien possède cette capacité, ce n'est pas encore fini. Comment faire pour développer cette capacité? Il faut s'immerger sans toucher à l'instrument, il devient une espèce d'ardoise sur laquelle la nature écrit. Il s'imprègne de couleurs, de mélodies, de sens.... En s'immergeant, l'artiste devient langage! Il n'est pas encore question d'expression instrumentale. C'est là que nécessairement, il s'impose à l'artiste une démarche morale car c'est là qu'il apprend directement du langage. L'expression instrumentale de l'improvisation devient ainsi totalement soumise au langage qui est la seule et unique partition. Il ne sera jamais question de rafistolage de chorus et d'autre gymnastique technique.... Sigui disait que travailler son instrument est une chose importante pour maitriser la technique instrumentale mais il n'est jamais question d'étaler, d'utiliser ces « clichés Â» scolaires. Par contre, « il faut jouer tous les concertos, toutes les sonates du monde liés à ton instrument, étudier d'après les grands compositeurs parce qu'il faut que tu saches ce qui est beau.. Â», il faut une culture afin de développer son sens critique. Sigui avait une formation classique extrêmement rigoureuse. Sigui se levait le matin, se déliait les doigts avec un concerto de Sibelius ou l' Arabesque de Debussy.. Sigui disait que pendant ses périodes de concerts, il faisait 2h d'exercices de piano par jour, il disait « qu'il ne faut pas que tes doigts soient un frein à ton expression Â». Pour ce qui est de la formation de jazz, il faut apprendre tout ce qui est lié à l'harmonisation. C'est l'étude scolaire de la musique.

Se détache alors cette problématique de cette fameuse « partition intérieure Â» que Jacques Siron a tenté d'écrire avec son livre théorique sur l'improvisation... Il faut que le musicien soit sensible à une sorte de chant du langage qui n'a rien a voir pratiquement avec la musique puisque c'est du langage pur, ça pourrait être autant une chorégraphie que picturale.. c'est du langage. .. Il doit donc être connecté à cette émotion génératrice de sens tout en élaborant avec son instrument son phrasé musical. La connexion entre le sens et la matière musicale, entre le langage et l'écrit, ce que les lacaniens appellent le dire est singulière. Ça ne ressemblera à personne d'autre et pose dans la matière, écrit dans la matière. C'est ce que Matisse appelle le langage de l'émotion dans la ligne. Il compare son crayon à la pointe diamant du gramophone sur les sillons du disque vinyle.. Cette association des deux forme la singularité du musicien de free jazz d'où l'aberration de vouloir copier un autre musicien. Sigui disait que l'improvisation était une affaire personnelle. Ignorer le langage, l'existence même du langage les empêche de localiser le facteur de liberté et entrainent certains musiciens ou artistes dans l'erreur, le plagiat, la mauvaise direction. Il est essentiel de prendre conscience de ce concept de langage à la base même de tout enseignement. Contrairement à une « Ã©cole Â» ce n'est pas du tout axiomatique, c'est justement la grande difficulté de transmission de ce genre de connaissance et de pratique artistique. Ça n'empêchera pas au jeune artiste d'étudier.

Les gens qui ne comprennent pas cette notion de langage s'imaginent que quand on parle de langage on parle du contenant, de la forme linguistique alors que le langage est un concept plutôt spirituel. Par exemple, l'enfant qui baigne dans le langage avec sa mère, le babillage du jeune enfant: c'est ça du contenant linguistique.. L'enfant autiste a un contenant linguistique désordonné. Le terme  «immergé dans le langage Â» que Lacan énonçait a été mal compris. Lacan parle de la notion quasi mystique universelle du langage. Rien à voir avec un babillage... L'erreur c'est de confondre le langage avec le contenant linguistique. La notion de langage est véhiculée par beaucoup de termes différents dans des cultures différentes à des époques différentes. On ne parle jamais de contenant. Il est question de mystique, d'énergie, d'anales Akachiques, d'émotion, d'inspiration, d'intuition... C'est très difficile de donner un terme très précis sur une notion abstraite que peu de gens comprennent. L'énergie s'exprime d'elle même donc on ne peut pas la désigner!.. Einstein parle d'une proximité entre le langage et le contenant linguistique mais jusqu'à la confondre, il y a une erreur. Ce n'est pas le contenant linguistique qui génère le langage. La plupart des découvertes scientifiques dont les siennes ont été entièrement bâties sur des intuitions. Cela démontre clairement que la construction linguistique vient après. En aucun cas -d'ailleurs Louis De Brogli sur son lit de mort disait «j'ai intuition d'une nouvelle mécanique Â»- le contant linguistique ne construit du langage. L'artiste immergé devient une ardoise, ce n'est pas l'ardoise qui génère du langage. Elle n'est que le support.. La personne construit le contenant linguistique sur la base de son intuition.. Bien souvent les gens confondent les deux. Le contenant linguistique c'est de l'ADN mais ça ne construits pas du langage. Quel est le secret de la poule aux Å“ufs d'or? Est-il dans son ventre? La méconnaissance chronique et verrouillée de ces concepts de langages entrainent chez les ignorants une pathologie. La névrose c'est de vivre son blocage psycho-intellectuel et de projeter son blocage. L'artiste devient au regard du névrosé un autiste, un marginale.... C'est la place du poète aujourd'hui. Comment vivrait un extra terrestre dans notre société? L'observation révèle la méthode et le crible d'observation de l'observateur d'elle même. Le pouvoir social écrasant sur l'artiste n'en est qu'un aperçu au même titre que la religion médiévale, l'inquisition etc.... L'artiste justement évite d'altérer le langage de son émotion par un quelconque crible d'observation. Le témoignage de l'artiste sur cette société révèlera ainsi la névrose de cette société. De la même façon le regard de la dite société sur l'artiste est lui même révélateur de ses propres cribles. La généralisation de ce fait est universelle dans l'histoire. Il révèle le niveau intellectuel, culturel d'une société. La masse ignorante n'apprécie pas du tout cette attitude critique au jour le jour d'où le rejet et l'ostracisme des artistes.

Quelle est l'application directe dans la musique de cet accès à « l'énergie mystique Â», de cette « passe au réel Â»? On avait déjà abordé plus haut les concepts de temps forts et de temps faibles. Il s'agissait pour Sigui d'écrire avec les temps forts car c'est là que s'encre, s'enracine, s'encode la sémantique issue directement du « langage Â» de l'énergie. Les temps forts deviennent ainsi les vecteurs des phrasés pour évidemment la mélodie (monodique ou polyphonique) thématique mais aussi lors de l'élaboration spontanée des chorus improvisés. Les temps forts sculptent réellement la mélodie en lui inscrivant tout son sens dramatique. Il est en quelque sorte le wagon du train.. Cette condition sinequanone de l'encodage par les temps forts transporte ainsi tous les temps faibles rythmiques naturellement. La naissance et l'invention de la polyphonie propre à l'Europe marque les temps forts avec la tonique de l'accord dés Corelli. Cette tonique oriente puissamment la mélodie polyphonique. Il est faux de penser « encoder Â» rien qu'avec des temps faibles. En effet, l'absence d'encodage par les temps forts ne donne à l'improvisateur qu'une part ornementale esclave du thème principal repris uniquement en paraphrases redondantes sans rien apporter de nouveau quant au développement dramatique, sémantique du thème de départ... La méconnaissance de ces concepts induit beaucoup d'artistes dans des erreurs d'encodage dans leurs productions. La mode accordée aux chorus « pulsatifs Â» qui ne sont que des quart tolets accentués en temps faibles très dynamiques, a fait complètement oublier l'importance de la valeur thématique dans les chorus auquel un Django Reinhardt attachait beaucoup d'importance. Ces pratiques fallacieuses rythmiques qui donnent un style véloce très commercial agit comme un écran opaque sur l'essence même de la mélodie! C'est la rançon du « tout commercial Â»! En effet, on veut plaire pour vendre.. mais plaire à qui? A quel publique? Un publique de connaisseurs, de musiciens ou à un publique néophyte, superficiel...? On est ainsi passé d'un bebop poétique à des effets rythmiques sans saveurs... Ce style de jazz a encore pratique aujourd'hui alors qu'il date des années 50. Les fiddles Irlandais universellement connus étaient construits sur cette forme pulsative basique. Cependant, issus des couches populaires dans un contexte historique très dure – l'Irlande a traversé des périodes économiques très très difficiles-, ces compositeurs Irlandais ont insufflé un regard poétique puissant sur leur époque, sur la condition humaine et sociale. Il ne fut pas question de musiques princières ou religieuses qui maquillaient les peintures sociales. La censure des castes sociales supérieures existaient évidemment puisque c'étaient eux qui commandaient les Å“uvres tant musicales que picturales, théâtrales..etc... Les productions artistiques Européennes ont été régies par des cahiers des charges rigoureusement sélectifs et réducteurs. C'est une forme de censure privée réalisée par les commanditaires. Les artistes étaient considérés comme des artisans se pliant à des commandes un point c'est tout! La tradition poétique Irlandaise ou des musiques traditionnelles Occitanes allant de l'Italie aux Pyrénées est atypique au regard des « grandes Å“uvres Â» artistiques et pourtant, elles sont sans doute l'unique témoignage authentique des sociétés. Rembrandt disait des peintures populaires flamandes qu'elles possédaient « l'universalité par leur authenticité Â». A titre d'anecdote mais cet exemple est si parlant: Rembrandt avait conscience de son rôle philosophique et politique à son époque où les Espagnols occupaient brutalement la Hollande. Lui et d'autres artistes utilisaient leurs productions artistiques pour exprimer leurs opinions politiques allant contre l'occupant. La « Ronde de nuit Â» a été tout bonnement rejetée et a failli être détruite car elle montrait un occupant stupide, brutal et une forme de collaboration... Les musiques populaires ont été composées dans le même esprit désintéressé d'un quelconque commanditaire. L'artiste écrit ses émotions poétiques simplement et cela donne une image sincère non escamotée du contexte socio-affectif.... Leur poésie reste moderne encore aujourd'hui quand on voit le succès mondial des musiques traditionnelles.. Le jazz pulsatif de Django ou du bebop ou du blues ont vu le jour dans les mêmes conditions. Les musiciens ne se préoccupaient pas du commercial ou de l'épate technique qu'ils pouvaient avoir sur un public d'ignares. Si on prend l'exemple du blues comparé à l'improvisation de Sigui. Le thème de jazz est plus abstrait que le blues tandis qu'on entend facilement déjà la grille du blues. Sigui va placer des clusters harmoniques en tant que temps forts qui vont mettre en place le plan de développement de son idée. Il réalise une interprétation, il met en place une nouvelle sémantique. Ce n'est pas une broderie ornementale sur le thème de départ. Si on prend le blues, pour bien comprendre le mécanisme, la structure du blues qui s'est dégagé au fil des années. C'est un schéma de temps forts immuable un peu comme une méthodologie pour permettre à des gens qui ne possèdent ni instrument ni technique musicale de rentrer dans un scénario dramatique répandu dans ces milieux socio-culturels, à l'église pendant les messes par exemples.. . Ça reste vrai encore aujourd'hui. Il reste même à la racine du jazz. C'est à l'intérieur de ces schémas qu'il y a eu une évolution de la réalisation des temps faibles allant dans le sens d'une amélioration technique de la pratique instrumentale. Ce sont avec des Lester Young , Coleman Hawkins, Charlie Parker que ces schémas évolueront.. Sigui, en tant qu'initiateur du free jazz, sur une thématique donnée, va d'entrée imposer une nouvelle thématique. Il s'inscrit dans une dramatique personnelle qu'il considère comme une interprétation du thème principal. C'est là que le musicien de free jazz devient compositeur. Il prend sa place d'office de « passeur au réel Â». On comprend que l'orientation du jazz actuel ornemental est complètement différente. René Macé, en faisant référence à ce nouveau bebop......-il a été l'un des accordéonistes des « Compagnons de la chanson Â» ou de « Ã‰dith Piaf Â», également contrebassiste au restaurant musical « sous les toits de Paris Â» près de l'arc de triomphe, remplacé après la suite par la formation de Stéphane Grapelli- disait que « s'ils devaient être payé à la note, les musiciens de ce type de jazz seraient milliardaires Â». Un autre exemple. Quand Albert Camus a écrit « les possédés Â» qui est une pièce de théâtre très courte et très dense, il se refuse tout développement romanesque. C'est une pièce adapté du roman de Dostoïevski. Il impose un scénario à la manière des temps forts et permet dans sa structure une libération d'un développement expressionniste. Albert Camus se met dans le même scénario, le même schéma de travail qu'un musicien de free jazz. Albert Camus avait orienté son écriture vers les nouvelles qui ressemblent à cette écriture directe des temps forts dramatiques du théâtre Grec antique. C'est justement parce que Sigui savait utiliser les temps forts qu'il a pu créer un nouveau style musical. Sigui s'habille d'un ciré de marin quand il joue à Porquerolles avec Archie Sheep. Il dit « je mets un ciré de marin parce qu'un marin ça sait s adapter à la mer.. il disait que Archie Sheep ne savait plus s'adapter à ce free jazz qui impose de nouveaux schémas.. Â» « Le marin surfe sur les vagues, il doit improviser sur une énergie gigantesque afin de naviguer. C'est ça le free jazz. Â»

 

Le poète voyage au cœur de l'émotion, elle est son paysage familier. Elle réalise une sanctification du quotidien. L'artiste rapporte cette émotion et offre à sa famille humaine la chance de ne pas oublier qu'ils ne sont pas des animaux. C'est ainsi que le quidam forge son identité également au sein d'un groupe social parce que l'identité est un ciment. C'est l'engagement de l'artiste dans la société.. Imaginez l'inverse, quand ça n'arrive pas ou plus...

Ce ne sont pas des baffles sur une place publique qui remplace le groupe de musiciens traditionnels sur la place du village le dimanche. S'imaginer que c'est la même chose c'est avoir confié ce genre de responsabilités à des crétins! On a besoin d'une poésie vivante renouvelée. On ne peut pas comparer l'appréhension , la relation entre le public et un groupe avec ses instruments de musique, la relation psycho affective entre le publique et l'artiste avec une baffle et l'auditeur. Ce genre de considération a tellement dégénéré au point de considérer les poêles a bois virtuels équivalant aux véritables cheminées au bois...! On part du langage de l'émotion qui est une caractéristique de l'humanité comparé aux animaux. On a tellement oublié ça que le quotidien genre « poêle a bois Â» est aussi escamoté! Quand on voit lors d'un concert de Léonard Cohen le calme Olympien du public malgré les heures de queue a l'entrée et à la sortie du concert.. La nature même de la manifestation a une influence sur le public évidente. L'incidence des artistes sur la masse est évidente. La censure en est la preuve. Mettre un couvercle sur certains artistes montre à quel point l'autorité prend ce phénomène au sérieux.. Parce que justement le rôle de la poésie a été complètement perverti par la politique.. Le poète n'a qu'une relation avec l'émotion. L'aspect moralisant est une concept purement politique. Le langage de l'émotion, l'émotion elle même disparaît de la cité, la foule est livrée à l'individualisme et la barbarie..

Est ce une grande réussite de la société moderne?

A la sortie de la seconde guerre mondiale, afin de lutter contre les grandes idéologies nazis ou communistes, l'OTAN met en place des concepts politiques globaux et tout particulièrement le star système. Ce concept met très en avant dans les mécanismes socio-culturels les pensées générées par les artistes qui évidemment sont passés par le filtre de la censure... Les artistes deviennent des instruments politiques. Napoléon avait déjà employé ses artistes à des fins identiques donc ce n'est pas forcément un scoop puisque Napoléon lui même « pompait Â» sur les concepts de l'Égypte antique.... Disons qu'au XX ème siècle, avec les moyens de communication grandissant, cette application devient démesurée.. Les artistes passent de l'artisan à des stars! Pour une minorité certes parce que ce n'est pas l'artiste local qui devient une star mais dans l'esprit de la foule oui. Est ce qu'on peut croire à une forme de réaction de la masse envers et contre le star système? En effet, aujourd'hui la foule adore la chute des stars plutôt que de leur apogée. C'est bien connu des agences de presse. Avant ce « star système Â», cette « réaction au star système Â», les gens allaient écouter les musiciens non pas dans une relation psychologique mais esthétique et émotionnelle quant à la production artistique présente au temps T. Le star système a trop mis en avant la relation psychologique entre le public et la personne de l'artiste ce qui engendre le fait que le public se sent complexé vis a vis de l'artiste. En effet, il n'est plus perçu comme un être humain du quotidien mais une une entité héroïque complètement décharnée. On te demande ce que tu fais comme métier, tu dis je suis artiste.. on te te prend pour quelqu'un qui se prend pour une star... voilà!!.... La relation entre le public et l'art a été pervertie. Quand on fait venir le plombier, on apprécie son travail mais pas le plombier.. C'est de ce genre de relation qu'on parle. C'est très basique, très con mais c'est un vrai rouage dans ce dysfonctionnement. Par exemple, imaginons que dans ce déroulement, on se paierait les services d'un musicien aussi simplement qu'on va au restaurant et qu'on paye sa note. C'est comme ça que ça se passait avant ce star système. Au final, les artistes sont devenus des vecteurs de projections fantasmatiques.. Eugene Smith initiateur de la photo de journalisme a développé un langage propre à la photographie, il a fait de l'immersion dans le langage. On lui a reproché d'un certaine façon de s'éloigner de l'aspect artisanal de la photographie de mariage par exemple.. On lui disait qu'il se prenait pour un artiste!!! Jamais un photographe n'aurait passé 48h à tirer une seule photographie. En plus, Smith a fréquenté les jazz men!!. ça n'a pas arrangé sa situation sociale quand sa démarche artistique s'épanouissait. Vinent Cassel en parlait justement en disant « comment croyez vous que les acteurs sont réellement quand on les voit en costume à Cannes? Â».. Yannick Noah crée une association justement pour aider les artistes à gérer les problèmes liés au star système.. Les gens restent déconnectés, déphases.. Un exemple: l'imitateur Patrick Topaloff animateur acteur et chanteur qui a vécu plusieurs en dormant sur un banc dans une gare ferroviaire. Officiellement, il a été ruiné par une pension alimentaire indexée sur les moments de sa gloire.. Il est pris en main par l'association « la roue tourne Â» Janalla Jarnach (Jeanne Hostetter) ancienne résistante du réseau « alliance Â» qui vient en aide aux artistes déchus du show business également ex présidente de «Les artistes du music hall anciens combattants Â». Elle disait: « La roue grince plus qu'elle ne tourne Â»! ..... Sigui aurait été en contact avec ces associations, ça l'aurait peut être aidé.. Les producteurs de cinéma en France se plaignent bien souvent de se faire « caillouter Â» pendant les scènes de tournage en extérieur par des populations trop amères.... Le cinéma est très porteur de ce « star système Â». La profession d'artiste devient un métier à risque dans ce sens précisément! La réaction populaire se caractérise par une forme de « jalousie Â», de rancÅ“ur envers la star... ça pourrait expliquer la place actuelle de l'artiste. On ne perçoit plus l'émotion poétique mais une instrumentalisation politique, une forme de démagogie qui s'impose à la foule. Les conseils municipaux sont libres des choix qu'ils font . Entre faire des économies sur le fait de payer un groupe musical et payer des saucisses et des bouteilles d'alcool pour la fête villageoise! Il est arrivé aussi un moment où les multinationales qui vendent des CD ont réussi à passer en force sur ce tapis de velours! Personne ne s'est opposé à ça! Quand la profession de boulanger a commencé à disparaître, des mesures gouvernementales ont été prises pour empêcher ça. Pour lutter contre le travail au noir dans le bâtiment, on a crée la garantie décennale: en l'espace de quelques mois, la profession était revalorisée..

Le paradoxe en France c'est que la libre expression culturelle est une forme de liberté républicaine dans le cadre de l'association loi 1901. Mais ce n'est pas une garantie professionnelle! Finalement entre la professionnalisation des métiers de la culture et les associations loi 1901 où se trouve la place de l'artiste dans ce flou!! L'artiste génère des passes au réel comme tous les artistes font depuis l'aube de l'humanité.. comment fait il pour vivre aujourd'hui?. Où se trouve sa place identifiée dans la société? On pense notamment à l'Inde qui intègre ses « passeurs Â»! Est ce que l'on va vers une forme d'uniformisation réductrice de et par la société moderne? Ces données précises font l'objet d'enquêtes extrêmement rigoureuses du ministère de la culture. Donc le problème est bien connu. Ce n'est pas un scoop. Just do it! La population et l'autorité partagent cette responsabilité, c'est pour cette raison que cette place de l'artiste dans la société sera, au regard de l'histoire, une véritable photographie représentative et fidèle. On a un pianiste compositeur qui peut apporter d'énormes choses intéressantes et enrichissantes pour la société dans laquelle il vit mais tout cela est inhibé par un contexte psychosocial délirant. Pour résumer, c'est ça que fut le destin de Sigui.

 

Quand Sigui un jour regarde une vidéo sur John Coltrane. Il dit « on pourra dire ce qu'on veut sur J.C mais pour moi c'est lui le maitre Â».

Avant l'album Impression, John Coltrane dans son langage musical amènenait au paroxysme le jazz fonctionnel avec « Giant Steps Â» fin années 50. C'est la répétition d'une grille harmonisée en tierces sur une gamme par tons. Eric Dolphy qui avait un style de vie et de jeu plus libéré sans doute par une destinée écourtée par une tumeur au cerveau, va provoquer autant d'apprentissage chez Coltrane qu'il n'a appris lui même de Charlie Mingus quant à la liberté du langage. A partir de là, ces rencontres provoquent une libération du langage avec « Impressions Â» en 1964 par exemple. Le son est parfaitement posé sur l'énergie. Dans la structure, on tourne sur un jazz modal avec grille très simple comme le blues traditionnel. On retourne à un expressionnisme musical modal qui laisse la possibilité au schéma narratif de s'exprimer librement et spontanément. Cette charnière historique oriente également Miles Davis à la même époque. Historiquement, Archie Sheep arrive à cette époque charnière et Sigui avec son expressionnisme et sa personnalité agira comme un catalyseur de toute cette mutation du langage jazzistique improvisé en apportant un enrichissement harmonique.

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